Article écrit par Max.

Bruno Falissard et le CUMIC : un entrisme pro-fakemed dans le monde académique ?
Après les révélations du Point sur les liens entre Fabrice Berna et le Samadeva — un mouvement suspecté de dérives sectaires par la Miviludes — le professeur Bruno Falissard a publié sur LinkedIn la réponse de Fabrice Berna.
Bruno Falissard est pédopsychiatre, professeur de biostatistique à la faculté de médecine de Paris-Saclay et membre de l’Académie nationale de médecine. Depuis 2015, il dirige le Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations de l’Inserm.
À première vue, ce partage pourrait passer pour un simple geste de solidarité entre collègues psychiatres.
Du moins, si l’on ignore certains éléments.
Falissard n’est pas qu’un simple collègue de Berna : il siège également au conseil d’administration du CUMIC, un collège universitaire qui, sous couvert d’étudier les médecines dites « complémentaires », en fait en réalité la promotion. Le même CUMIC dont Fabrice Berna est vice-président. Le même CUMIC avait déjà été évoqué par Acermendax dans un billet de blog, pointant les dérives potentielles des médecines complémentaires à l’université (voir l’article).
La proximité de Falissard avec le milieu des fakemed et avec Berna ne s’arrête pas là. Il est par ailleurs membre du GETCOP (Groupe d’Évaluation des Thérapies Complémentaires Personnalisées) en tant que conseiller scientifique, auprès de Julien Nizard (président du CUMIC et membre du conseil scientifique du GETCOP) et de Jacques Kopferschmitt (président d’honneur du CUMIC et vice-président du GETCOP).
Le GETCOP est une association dont l’objectif affiché est de promouvoir les « thérapies complémentaires» — un terme euphémisant pour désigner les fakemed. On y retrouve des praticiens d’homéopathie, de naturopathie, de biologie totale ou encore médecine anthroposophique. Le danger de ces pratiques a été suffisamment démontré et dénoncé maintes fois par la Miviludes ou des collectifs de soignants comme Nofakemed.
Étrange mise en avant, par exemple, de la biologie totale, dont le fondateur Ryke Geerd Hamer a exercé illégalement la médecine, provoquant la mort d’au moins 140 personnes. Condamné à plusieurs reprises en Europe, il a ouvert des cliniques malgré ses condamnations et a transformé son mouvement en secte complotiste.

Falissard défend certaines de ces approches alternatives dans un discours se voulant rationnel et mesuré. Il affirme ne les recommander que pour les pathologies non graves, reconnaît que les granules homéopathiques ne contiennent rien d’autre que du sucre, et se dit « pas opposé » à leur déremboursement.
Mais cette posture est trompeuse : il pratique un whataboutisme en soutenant que, si l’on devait dérembourser l’homéopathie pour inefficacité, il faudrait alors aussi dérembourser d’autres médicaments peu efficaces — un débat qu’il qualifie de « politique ».

Parallèlement, il estime que ces pratiques conservent une certaine utilité en médecine, une position qu’il justifie par un discours parfois flou et relativiste.
Il remet notamment en question la notion même d’« efficacité », qu’il considère comme trop complexe pour être évaluée de manière stricte — en omettant que la recherche médicale dispose déjà de protocoles permettant de mesurer les effets des traitements dans des contextes précis.
La complexité de la médecine ne saurait, pour autant, constituer une preuve de l’efficacité des médecines dites « alternatives » (voir à 3’15 dans cette vidéo).
Il critique également les méthodes d’évaluation statistique, allant jusqu’à suggérer que les cas individuels devraient être pris davantage en considération — autrement dit, que l’expérience subjective pourrait être considérée comme une donnée scientifique.
Un argument qui reprend une rhétorique souvent utilisée dans les milieux pseudo-scientifiques (voir à 4’10 dans cette vidéo).
Falissard se montre également critique à l’égard des essais randomisés, qu’il présente non pas comme une garantie méthodologique, mais comme un outil servant à restreindre la recherche et à « limiter la concurrence » (voir cet entretien).

Il soutient également que certaines médecines alternatives ne peuvent pas être évaluées selon les standards de la médecine fondée sur les preuves (Evidence-Based Medicine, EBM), au motif qu’elles seraient trop singulières, chaque patient et chaque praticien étant uniques.
Un argument fréquemment avancé dans les milieux pseudo-thérapeutiques, visant à échapper à toute forme de vérification scientifique (voir à 1’40 dans cette vidéo).
Dans ce qu’il présente comme une démonstration argumentative (voir retranscription ici), il avance plusieurs affirmations et établit des rapprochements variés pour justifier la psychanalyse, jugés par certains observateurs comme peu convaincants. Selon lui, la science ne décrirait pas toujours la réalité et pourrait, de ce fait, se tromper lorsqu’elle conclut à l’inefficacité des médecines alternatives. Il estime par ailleurs que ceux qui rejettent ce point de vue adoptent une posture « scientiste », contribuant ainsi, selon lui, à nourrir la défiance et le complotisme. (voir à 17’50 dans cette vidéo et dans celle-ci).
Un promoteur assumé de la psychanalyse
Bruno Falissard est également un défenseur de la psychanalyse, une pratique dont le fondement scientifique est largement contesté et dont les dérives potentielles ont été documentées (voir notamment le dossier deL’Express : « Faut-il en finir avec la psychanalyse ? »).
Il explique avoir découvert la psychanalyse après la lecture de Freud et l’analyse de ses propres rêves, et affirme encore s’en inspirer dans ses consultations (voir à 3’20 dans cette vidéo).
Sous couvert d’« évaluation scientifique », Falissard en défend plusieurs concepts, notamment le complexe d’Œdipe, qu’il considère comme une réalité observable — allant jusqu’à déclarer qu’en observant un parent et son enfant, « on ne peut nier les jeux de séduction » (voir à 13’17 dans la même vidéo).
Il écarte par ailleurs les travaux issus des sciences cognitives, qu’il désigne sous le terme de « cognitivistes ».— ayant démontré la fausseté de certaines théories psychanalytiques, telles que celle de Margaret Mahler, selon laquelle le nourrisson serait initialement indifférencié de sa mère.
Falissard soutient pourtant que ces sciences « dérapent » lorsqu’elles contredisent Mahler, au motif qu’il serait impossible de savoir ce qui se passe dans la tête d’un nourrisson (voir à 25’00 dans la même vidéo).
Une influence problématique
Falissard adopte un discours confusionniste pour défendre les médecines alternatives, tout en instillant une certaine défiance à l’égard de la médecine fondée sur les preuves et de la science.
Malgré ce profil controversé, il a été nommé en 2015 directeur du Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations (CESP), dont l’une des missions principales est précisément d’évaluer les médecines alternatives.
Un choix qui peut sembler discutable au regard de ses positions et de ses liens personnels avec ce milieu.
La présence de figures telles que Fabrice Berna, Julien Nizard, Jacques Kopferschmitt ou Jean Sibilia, toutes engagées en faveur des médecines alternatives, pose une question centrale : sommes-nous face à un entrisme pro-fakemed au cœur du monde académique ?
Certaines personnes commencent à creuser ces différents liens, et ce qu’elles trouvent est proprement étonnant. Voici un long thread de Guillaume Limousin à ce sujet :
Le parcours et les positions de Bruno Falissard mettent en lumière les tensions entre le monde académique et certaines pratiques médicales non éprouvées. Son engagement pour la psychanalyse, sa défense des médecines alternatives et sa participation à des structures comme le CUMIC ou le GETCOP soulèvent des questions sur la manière dont ces pratiques sont évaluées et promues dans le cadre scientifique.
Falissard adopte un discours pouvant peut-être être assimilé à du confusionnisme, combinant relativisme scientifique et remise en cause de certains standards méthodologiques. Ce type de discours peut contribuer à un entrisme institutionnel, en facilitant l’intégration de thérapies non validées scientifiquement au sein d’organismes académiques et de recherche.
La nomination de Falissard à la tête du CESP, chargé d’évaluer ces pratiques, illustre la complexité d’un contexte où les liens personnels et institutionnels peuvent influencer la perception et la légitimité de certaines approches.
La question demeure : comment s’assurer que l’évaluation des médecines alternatives repose sur des preuves solides, tout en garantissant transparence et rigueur scientifique ?
Cette interrogation reste centrale pour la recherche médicale et la santé publique.
Sources :
https://www.youtube.com/watch?v=lfv5QxSsEgM
https://youtu.be/aV2KXdLrh2c?si=86c2yMl6S1a406bC
https://www.youtube.com/watch?v=_j3a4MsjbyU
https://www.cumic.fr/qui-sommes-nous
https://www.getcop.org/conseil-scientifique/
https://www.youtube.com/watch?v=i_JUyoxy50w
https://therapeute-medecine-douce.fr/pratiques-complementaires-et-recherche/
https://www.youtube.com/watch?v=w3UZdlllEf0
https://www.liberation.fr/france/2018/06/15/homeopathie-bruno-falissard-c-est-plus-une-question-de-morale-que-de-science_1659510/
https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/les-savanturiers/bruno-falissard-etudie-les-medecines-alternatives-3046571
https://www.lexpress.fr/idees-et-debats/faut-il-en-finir-avec-la-psychanalyse-les-verites-sur-une-passion-francaise-YJ2H4S7THRFUTCFNPSHIDWXSPM/
https://www.lepoint.fr/sante/universite-sous-emprise-l-ombre-du-samadeva-organisation-occulte-et-esoterique-28-09-2025-2599742_40.php
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